Interview/ Candidature de Ouattara, audit de la liste électorale… : Léopold VII Abrotchi, assène ses vérités à l’opposition et au Rhdp - Le Curieux d'Abidjan

Interview/ Candidature de Ouattara, audit de la liste électorale… : Léopold VII Abrotchi, assène ses vérités à l’opposition et au Rhdp

Président de l’Alternative nouvelle de la Côte d’Ivoire (Anci), Léopold VII Abrotchi, décortique dans cet entretien qu’il a accordé au média en ligne www.lecurieuxdabidjan.info, l’actualité sociopolitique de son pays ponctuée par l’appel à l’audit du listing électoral, du mea-culpa de Robert Bourgi, le cas Guillaume Soro toujours contraint à l’exil. Sur la candidature d’Alassane Ouattara souhaitée par le Rhdp, Léopold Abrochi VII, est formel. « Le Président de la République est dans son droit. S’il veut être candidat, il peut l´être. La constitution l’y autorise (…) Laissons le Président Ouattara avec sa conscience décider sans pression de l’opportunité d’un 4ème mandat ». Entretien !

L’opposition ivoirienne réclame un audit de la liste électorale. Que vous en semble ?

Avant tout propos, je tiens à vous remercier pour la considération que votre journal nous porte en tant que dirigeant de parti politique, en nous donnant l’opportunité de nous exprimer sur des questions brûlantes de l’actualité de notre pays.

Parlant de l’audit de la liste électorale réclamé par l’opposition, c’est une très bonne initiative que nous soutenons fermement. Cependant, comment pouvons-nous être crédibles dans cette revendication face au Rhdp quand le Pdci, le Fpi et le Ppa-ci sont membres de la Commission électorale indépendante (Cei) et que ces représentants valident la liste électorale manipulée ? Nous leur demandons de démissionner de leur poste de vice-présidents de la Cei, puisque c’est une institution politique. Donc oui, il y a beaucoup de communication, mais dans le concret, nous sommes au même point.

Face à la sourde oreille du président de la Cei, il faut revoir la composition de la Commission électorale indépendante. L’actuel président n´inspire plus confiance, il faut changer 90% des représentants locaux de la commission. La sincérité de la liste électorale est à mettre en doute. Il faut faire un audit de la liste actuelle car elle a été tripatouillée. Pour le reste nous avons un programme qui répond aux aspirations des Ivoiriens. Nous pensons qu’il faut réactiver dès maintenant le cadre permanent de dialogue (CPD) entre l’opposition et le gouvernement. C’est un outil de concertation nationale qui peut faire baisser la tension qui est en train de monter.

Quelle lecture faites-vous de la récente sortie du franco-libanais, Robert Bourgi, qui est un pion du sérail de la France Afrique issu de l’écurie Jacques Foccart ?

Dans la forme, Robert Bourgi, l’homme lige de la France Afrique fait du marketing pour vendre son livre. Dans le fond, il n’y a aucune surprise. Le Président Laurent Gbagbo a bénéficié des actions de la France Afrique ; le Président Ouattara en est un produit. Robert Bourgi nous dit que les dirigeants français influencent, pis, s’ingèrent dans les affaires internes de certains pays indépendants. C’est une violation du droit international. À partir de ce constat, la question que je pose à chaque ivoirien est de savoir est-ce que nous devons continuer avec le système d’ingérence de l’État français dans la politique ou gouvernance africaine ? Pour nous, les Ivoiriens doivent s’unir pour bâtir une Côte d´Ivoire souveraine, seul gage contre les ingérences étrangères. Par ailleurs, faisons attention aux déclarations qui peuvent créer des tensions entre ivoiriens.

Un mot sur l’assassinat d’un membre de la Fesci orchestré par l’organisation estudiantine ?

Il est douloureux de voir que la Fesci soit en crise une fois encore à la suite de meurtre d’un membre de sa direction. Force est de reconnaitre que ce n´est pas la première fois que cela arrive. Face à cela, il faut que la justice prenne ses responsabilités. La Fesci ne doit plus être un syndicat mais une association académique. Nous suivons cette affaire avec une grande attention.

Le Burkina Faso et le Mali accusent la Côte d’Ivoire de vouloir déstabiliser leur pays. Quels sont vos sentiments face à de telles allégations ?

Le Mali et le Burkina Faso ont été des bases arrière qui ont servi à la déstabilisation de la Côte d´Ivoire. Leurs dirigeants d’hier étaient les fers de lance des décisions malveillantes et inadmissibles prises en sous-main par la France contre le peuple ivoirien. Je comprends qu’il leur reste des réflexes de leur participation active dans le coup d’état contre Laurent Gbagbo transformé par la suite en rébellion. Cela étant dit, il s’agit d’une question régalienne incombant au chef des armées Ivoiriennes. Nous attendons les déclarations et actions à ce sujet. La Côte d´Ivoire n’est pas un État voyou pour servir de base arrière visant la déstabilisation des pays voisins. Cela est insupportable voire inacceptable pour le peuple ivoirien. Je dis encore que le Burkina comme le Mali sont dans leur rôle, ce qui n’est pas le cas du gouvernement ivoirien. Quand nous avons subi des attaques terroristes, les responsables seraient au Mali et au Burkina Faso. C´est l’omerta totale sur cette question alors que des Ivoiriens sont morts lâchement tués par des terroristes venant du Burkina et ou du Mali. Une fois encore il faut faire le bilan des actions du président Alassane Ouattara sur le régalien. Il faut qu’on sache où en sont les enquêtes sur les attaques terroristes. En clair, je suis préoccupé par le bien-être des Ivoiriens, la défense de leur territoire et la sécurité de leurs biens et de leur personne.

Alors que les ivoiriens appellent de tous leurs vœux à une réconciliation vraie, il est cependant à constater qu’il y a encore certains qui sont encore en exil notamment Guillaume Soro et certains de ses proches sont en prison il y a plusieurs mois. Qu’en pensez-vous ?

Les exilés politiques sont une anomalie de la vie politique ivoirienne qui porte gravement atteinte à l’ordre constitutionnel et naturellement porte atteinte à l’État de droit dans notre pays. Il revient au Président de la République de prendre les initiatives qu’il faut, pour faire revenir tous les Ivoiriens qui sont en exil. Pour ce qui concerne le cas de l’ancien Président de l’Assemblée nationale, je publierai une lettre ouverte au Président de la République. Il faut que Guillaume Soro rentre en Côte d’Ivoire, cela participe de la cohésion sociale.

La question d’un probable 4ème mandat d’Alassane Ouattara en 2025 ?

Le Président de la République est dans son droit. S’il veut être candidat, il peut l´être. La constitution l’y autorise. Les cris d’Orphée qu’on entend çà et là, c’est de la manipulation. Les Ivoiriens sont fatigués d’être abusés par des politiciens cyniques. Ils ont voté et appelé à voter la constitution de 2016 malgré les mises en garde. Quant à la non-rétroactivité de la loi, les militants du Rhdp, membres du gouvernement d’antan et spécialistes de droit ont usé de stratagèmes pour rassurer la France et autres, de la bonne foi du président Ouattara à ne pas se représenter. À la fin, Mamadou Koulibaly a eu raison. Donc laissons le Président Ouattara avec sa conscience décider sans pression de l’opportunité d’un 4ème mandat. Ce qui doit intéresser les Ivoiriens, c’est le bilan du Président Ouattara sur les sujets régaliens : sécurité des biens et des personnes, sécurité sociale, sécurité sanitaire, l’éducation. Sur les sujets économiques : la dette, la création de richesses, le traitement de nos parents planteurs (revenu des agriculteurs), l´emploi etc.

Que la presse étatique serve d’espace de débats contradictoires, où chaque parti présente sa vision ou son idéal pour la Côte d´Ivoire. Vous m’excuserez, mais je pense que ces points sont plus importants que la perte d’énergie sur la candidature du président Alassane Ouattara.

Êtes-vous candidat à l’élection présidentielle en 2025 ?

Oui, je suis disposé et disponible pour être candidat à l’élection présidentielle de 2025 si les conditions le permettent. Je peux citer au moins trois fondamentaux: la question de parrainage et 50.000.000f est une somme exorbitante.

Quel jugement portez-vous sur le bilan du Président Ouattara ?

Le Bilan est mitigé. De grands efforts ont été faits au niveau des infrastructures économiques. Il est catastrophique à cause du surendettement de 30.000 millards de FCFA. Ce qui confirme qu’au niveau micro économique, la croissance n’a véritablement pas d’effets. C’est un choix idéologique que celui d’appauvrir la majeure partie des ivoiriens et d’enrichir les entreprises étrangères. C’est une calamité en termes de transparence dans la gestion. Chaque mois, il y a au moins un détournement de fonds publics. Le plus récent est celui de la Sodexam.

L’éducation est élitique, donc en porte-à-faux avec la constitution qui institue l’égalité des chances. Sur les cinq (5) dernières années, nous avons un taux d’échec de 60% au BAC. La politique éducative dans un pays est toujours idéologique. Logiquement il ne doit pas être réélu président. Pour cela, l’espace médiatique doit être démocratique et ouvert à tous pour que chacun fasse valoir son programme ou ses propositions.

Réalisé par Gnédagne LASME

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