L’intelligence artificielle, en tant que révolution scientifique et technologique majeure, est en train de bouleverser la configuration même de la société internationale, tout en imposant une nouvelle redéfinition de la puissance et de la conflictualité. Ainsi, dans leur course vers la domination planétaire, les Américains et les Chinois ne ménagent aucun effort pour asseoir leur hégémonie, en procédant à de véritables « guerres »,opérées sur différents fronts de la planète par leurs guerriers regroupés sous le nom de GAFAMI pour les États-Unis et BHATX pour la Chine.
L’offensive américaine en matière d’intelligence artificielle
Pendant plusieurs années les Américains sont restés les précurseurs et les leaders internationaux de l’IA à travers les géants du web : les GAFAMI. Con- séquence, en février 2017, le Danemark a décidé de nommer un ambassadeur auprès de ces monstres technologiques. En leur accordant la reconnaissance réservée généralement à un Etat, Copenhague reconnait ces structures non seulement comme des entités économiques, mais surtout comme des puissances politiques, avec toutes les conséquences qu’une telle reconnaissance crée envers les GAFAMI.
La réalité c’est que la capacité d’influence des GAFAMI s’étend au-delà des frontières des États-Unis et leur force de frappe ne se limite pas à leurs consœurs (les multinationales), mais s’étend aux États, les ONG et même les OIG. « Compte tenu de leur puissance, ils jouent un rôle oligopolistique pour reprendre une expression de Raymond Aron. C’est-à-dire qu’ils façonnent le cyberespace par leur activité et les normes qu’ils imposent »8, ainsi que les batailles qu’elles lancent contre leur adversaire classique, à savoir l’Europe, tout en essayant d’entretenir des rapports privilégiés avec l’Afrique, dont les populations sont considérées comme étant les idiots utiles de cette nouvelle révolution.
La Chine, terre promise de l’IA
Pendant plusieurs années les Chinois se sont intéressés à l’IA, mais sans avoir pour objectif de détrôner l’Oncle Sam qui accusait d’une avancée ex- traordinaire dans ce secteur. Mais lorsqu’en mars 2016 « Alpha Go » le pro- gramme informatique américain développé par Google Deep Mind, a réussi à battre le champion coréen « Lee Sedol » dans le jeu de go qui dispose d’une symbolique et d’une résonance culturelle exceptionnelle en Chine, l’événe- ment a créé une véritable onde de choc chez les Chinois. Certains ont même parlé de « moment Spoutnik », qui a fait trembler l’empire du Milieu avec la crainte d’accumuler un grand retard technologique non rattrapable. Depuis, l’empire ne lésine pas sur les moyens dans le domaine de l’IA. Au service de l’État et du parti unique (PCC), l’IA est devenue un outil de supervision des populations et de divination des effets de sa politique, mais aussi, et surtout
un instrument susceptible de restituer à Pékin sa grandeur d’autrefois, pour
passer du « made in china » au « created in China ».
Pour ce faire, la contre-offensive chinoise est orchestrée par les BHATX qui sont des mastodontes nés de la volonté de l’empire du Milieu de con- quérir le monde, et qui disposent d’atouts indéniables qui les conduisent à concurrencer, de façon remarquable, les GAFAMI déjà en place sur la scène mondiale.
Ainsi, dans ce jeu d’influence et de prédation, où les Chinois se présentent comme challenger numéro 1 à l’hégémonie américaine, on assiste à la mise en place de stratégies nouvelles pour la quête du Saint Graal de leader planétaire de l’IA. Le temps des BHATX semble se profiler à l’horizon. Leur influence semble s’élargir, de plus en plus, sur l’ensemble du globe aussi bien en Europe qu’en Afrique, mais se heurte, tout de même, à une résistance accrue de la part des États-Unis.
Mohammed Rida NOUR1